samedi 26 février 2011

Les Nouveaux Explorateurs - Comme un poisson dans leau en Haïti



Haïti: René Préval n'a pas de chance. Nous avec lui.
Après le tremblement de terre, le choléra et la crise électorale, nous voilà apprenant à nager dans les eaux troubles et saumâtres du lac Azueï pour chercher à comprendre ce qui tue les poissons de ce plan d'eau.
On ne peut pas noyer le poisson. Oh que non ! Les crises servant de leçon, le ministère de l'Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural s'est présenté au grand complet, ce lundi, pour rassurer la population et annoncer la tenue d'une enquête. Au deuxième jour de la découverte des premiers poissons morts, c'est du vite-fait que nous sortent les agronomes.
Des échantillons d'eau et des dépouilles de poissons sont même déjà partis pour analyses à l'étranger. Définitivement, ils ne veulent pas que cela pourrisse sur les rives du lac.
Les crises se bousculent au portillon comme cela sied à un pays qui a le chic de les attirer. Dimanche soir, comme un ballon gonflé d'hélium, le secrétaire général adjoint de l'Organisation des Etats Américains a lâché une bombe : la mission de l'OEA ne prendra pas l'avion ce lundi pour venir dénouer la crise électorale.
Les experts et le gouvernement n'ont pas pu s'entendre sur les termes de référence de cette mission qui, si l'on croit ce qui se dit dans les coulisses, veut avoir la haute main et les coudées franches pour évaluer, investiguer et même trancher sur le sort des élections du 28 novembre 2010.
Le Conseil Electoral Provisoire (CEP) avait vite été en besogne en déclarant le jour avant Noël que la mission allait durer trois jours et remettra son rapport le 30 décembre. Non. La machine de l'Organisme hémisphérique n'est pas aux ordres du CEP de Dorsainvil. Elle veut aller en toute liberté.
Entre-temps, le choléra continue de faire des victimes. En plus des malades, il y a aussi les adeptes du voudou qui trépassent, lynchés. Dans un pays qui est toujours à la recherche d'un coupable, les hougans sont les boucs émissaires tout indiqués pour cette maladie qui n'était pas connue dans nos contrées. Une diarrhée qui tue ne peut être que de provenance maléfique et de là à monter une cabale contre les adeptes du voudou ou de tout le monde soupçonné tel, il n'y a qu'un pas vite franchi.
Les cris de la société civile ne sont pas assez retentissants pour dénoncer cette dérive. On peut même dire que les autres confessions religieuses ne font pas entendre leur indignation et leur réprobation. Pas assez. Pour certaines pas du tout.
Comme un poisson dans l'eau, nous passons de crise en crise. C'est accablant.
Le 12 janvier 2011 risque de nous surprendre les bras baissés, la tête ailleurs. Tous nos malheurs n'ont pas commencé ce jour-là, mais il sera triste que cette date nous retrouve chargée de plus de maux qu'auparavant et tout aussi désorientés et désorganisés.
Serons-nous les gros zéros de la commémoration du premier anniversaire du tremblement de terre comme nous l'étions en 2004 pour la célébration du bicentenaire de notre indépendance ?
Le 12 janvier 2011, va-t-il nous surprendre la tête sous les décombres, comme un poisson hors de l'eau ? En crise ? Comme d'habitude...

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